
Un coaching Tableau pour des data journalistes. Retour d’expérience.
Dans cet article, nous allons évoquer le retour d’expérience suite à un coaching Tableau pour des data journalistes. Tableau est un outil de datavisualisation très répandu dans le monde de l’entreprise. Au delà de ce domaine, il se prête aussi à la réalisation de visualisations de données pour le grand public, dans la communication et dans le journalisme – notamment grâce à sa version publique et gratuite Tableau Public. En France comme à l’étranger, des data journalistes se mettent à Tableau et enrichissent ainsi leur palette d’outils de dataviz.
Ana Lutzky et Marie Simon, data journalistes à l’agence de presse AEF Info, utilisent Tableau au quotidien dans leur travail, en parallèle d’autres outils de datavisualisation. En avril dernier, elles ont suivi un coaching Tableau sur mesure réalisé par The Information Lab. Retour d’expérience.
Pouvez-vous décrire AEF Info en quelques mots ?
Ana et Marie : AEF Info est une agence de presse spécialisée dans 5 grands domaines : enseignement et recherche, social RH, habitat et urbanisme, développement durable, sécurité publique et privée. Environ 80 journalistes, à Paris et en région, couvrent les politiques publiques et les initiatives d’acteurs en la matière.
Ses informations sont lues par les professionnels du secteur, tels que les entreprises, les établissements publics, les ONG, les syndicats, les cabinets de conseil, les ministères et membres du gouvernement, les députés et les sénateurs.
Comment Tableau est-il utilisé dans votre rédaction ?
Ana et Marie : Pour l’instant, seules les deux data journalistes à plein temps que nous sommes l’utilisent de manière conséquente au sein du fil d’informations Data Sup-Recherche qui s’est créé voici deux ans.
Mais chaque pôle d’AEF compte un ou deux référents data, qui ne sont pas data journalistes à plein temps mais sont amateurs de cette approche, et animent la dynamique data dans leur équipe de journalistes.
Parmi ces 8 référents data, une journaliste en particulier commence à utiliser Tableau ; une autre collègue s’y est mise également dans le cadre d’un projet au long cours relatif à l’habitat et l’urbanisme. Le reste des journalistes utilisent d’autres outils dont la prise en main est plus rapide tels que Datawrapper.
À votre avis, quelle est la valeur ajoutée d’une visualisation Tableau dans un article de presse en ligne ?

Ana :
Je vois un grand intérêt dans la possibilité d’utiliser des filtres, afin que notre lecteur spécialisé puisse afficher un état des lieux concernant l’établissement d’enseignement supérieur ou le territoire qui l’intéresse.
En outre, les possibilités offertes par l’outil – en faisant varier la couleur, la taille, la forme de la représentation d’une variable en fonction d’autres variables – permettent de donner à voir des phénomènes et des réalités parfois bien subtils, ce qui correspond bien à la rigueur de notre public spécialisé.

Marie :
Une visualisation de données permet de montrer l’information, la faire passer par l’œil pour en faciliter la compréhension. Tableau, comme d’autres outils de visualisation de données, permet cela… mais apporte un vrai plus au lecteur en ligne, via le jeu constant entre une vue complète et riche en données, et la possibilité de « zoomer » sur l’information.
Je peux inclure des éléments dans les infobulles uniquement, pour donner plus de matière au lecteur par rapport à ce qu’il voit dans le graphique. Je peux aussi permettre au lecteur de filtrer les éléments montrés, pour ne garder que ce qui l’intéresse.
« C’est souvent vers Tableau que je me tourne pour les visualisations qui nécessitent une conjugaison entre clarté et complexité. »
Marie
Les trois choses les plus importantes que vous avez appris grâce à ce coaching ?
Ana :
Ce coaching a été un condensé de savoir-faire, très encourageant. Donc le premier bénéfice pour moi est celui d’une grande motivation, c’est comme si nous avions reçu un précieux boost d’énergie !
Deuxième bénéfice : certaines logiques de l’outil qui me semblaient nébuleuses (affichage sur mobile, conteneurs, fusion de jeux de données en amont) m’ont semblé limpides lors du coaching. Et là aussi, le bénéfice est psychologique : en démystifiant les tenants et les aboutissants de l’outil, on gagne en confiance en soi quant à sa maîtrise et notre capacité à faire des visualisations intéressantes.
Enfin, dernier bénéficie : le fait de fédérer en interne un petit groupe de praticiennes.
« Ce coaching a été un précieux boost d’énergie ! »
Ana
Marie :
Le coaching m’a permis de mieux maîtriser des manipulations que j’avais déjà tentées sans en comprendre bien la logique, comme les axes doubles (que je connaissais mais ne maîtrisais pas à ce point) et les axes combinés (que j’ai découverts).
Je regarde souvent des tutoriels pour utiliser Tableau, mais le coaching est bien plus souple et personnalisé, grâce aux allers retours d’information avec la formatrice.
Enfin, j’ai découvert quelques visualisations « différentes » (range plot, hexmap, donut) et compris la mécanique qui permet de les créer, hors des visualisations « types » : cela me donne très envie de fureter dans la communauté Tableau pour voir ce que d’autres utilisateurs ont pu inventer comme formes !

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Avez-vous déjà mis en pratique des connaissances apprises lors du coaching ? Si oui, lesquelles ?
Ana :
Oui, les champs calculés ! Je n’ai plus peur de les utiliser. Et c’est bien utile pour mettre des conditions d’affichage d’une variable dans les infobulles. Par exemple, dans cette dépêche-ci en accès libre, nous avons précisé dans la dernière visualisation que 6 universités avaient été fusionnées de manière factice pour les années où les établissements qui les composent aujourd’hui existaient de manière séparée : Bordeaux, Montpellier, Grenoble, Clermont, Lille et Sorbonne Université. Au survol de ces 6 établissements, et seulement pour ces 6, l’information apparaît.
J’ai aussi mis en pratique l’introduction de liens HTML dans une visualisation des essais cliniques relatifs au Covid-19. Au clic dans l’infobulle, un lien « en savoir plus sur cet essai clinique » mène le lecteur à la page de ClinicalTrials.gov, qui détaille le protocole et les établissements médicaux et de recherche impliqués.
Enfin, les range plots ont fait l’objet d’une publication lundi dernier !
Marie :
Oui, j’ai déjà réutilisé des trucs et astuces pour customiser les axes doubles, j’ai utilisé pour la première fois des axes combinés et j’ai pu refaire facilement des donuts. J’ai testé les paramètres sur un MakeOverMonday non abouti par manque de temps, mais ce fut constructif ! En revanche, je tâtonne sur l’utilisation des conteneurs dans les tableaux de bord, ils me résistent encore.
Qu’est-ce qu’un MakeOverMonday ? C’est un défi de datavisualisation créé par Eva Murray et Andy Kriebel. Chaque semaine, une visualisation avec son jeu de données sous-jacent est proposée sur le site dédié. Le jeu consiste à améliorer la visualisation ou la modifier à son goût en partant du même dataset. Tout le monde peut participer en partageant sa dataviz sur Twitter ou sur le site data.world.
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Conseillerez-vous à un.e collègue data journaliste de se former à Tableau ? Si oui, par quels moyens/quelles ressources ?
Ana :
Je ne lui conseillerais que si c’est utile à son projet, que ça répond à un besoin. Quant aux moyens de se former, si son entreprise a les moyens de lui faire bénéficier d’un coaching, c’est à mon avis la manière la plus rapide de monter en compétences.
Sinon, des ressources gratuites existent : les tutoriels en ligne, Twitter, Youtube… J’avais aussi assisté à un atelier très instructif dans le cadre de l’initiative « Data + Women » (ndr : Les Data + Women sont des rencontres autour des femmes dans les métiers liés aux données, qui ont lieu régulièrement dans plusieurs villes du monde).
Marie :
Oui, à condition d’avoir déjà une pratique avancée d’autres outils plus simples. Tableau reste assez complexe, ce serait mentir que de prétendre le contraire.
« Un coaching permet sans doute de se lancer et de dépasser ses premières appréhensions : il est encore plus bénéfique si on a un projet précis en tête. »
Marie
Ensuite, je suis assez convaincue que c’est la pratique qui, strate par strate, vient fixer les choses. En cas de besoin, les tutoriels officiels de Tableau sont très bien faits, en texte comme en vidéo.
La communauté Tableau est vaste et produit aussi des tutos non officiels, que l’on peut suivre pas à pas. On peut interpeller les participants du MakeOverMonday sur Twitter, les échanges sont faciles et constructifs.
Il est aussi très utile de s’inscrire pour recevoir par mail la Viz of the Day (ndr : une visualisation sélectionnée chaque jour par l’équipe Tableau) : cela inspire, cela donne des idées… et le plus souvent on peut regarder comment la dataviz a été conçue en téléchargeant le classeur pour voir les coulisses… !
Un grand merci à Ana Lutzky et Marie Simon pour cette interview.
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